Les relations entre l’Algérie et la France, marquées par des tensions historiques et des crises diplomatiques récurrentes, semblent à nouveau sur le point de connaître une escalade. Cette situation est exacerbée par le soutien de la France au plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental, un sujet sensible qui alimente les ressentiments à Alger. La récente décision de l’Algérie de suspendre les laissez-passer consulaires pour les ressortissants expulsés de France témoigne d’un climat de méfiance croissante entre les deux nations.
Les relations entre l’Algérie et la France sont profondément enracinées dans l’histoire coloniale. L’Algérie a été colonisée par la France de 1830 jusqu’à son indépendance en 1962, une période marquée par une guerre sanglante qui a laissé des cicatrices durables. Les tensions ont souvent ressurgi autour de questions mémorielles et politiques, notamment en ce qui concerne le traitement des Algériens en France et la reconnaissance des souffrances infligées durant la colonisation.
Récemment, les relations semblaient s’améliorer après plusieurs visites diplomatiques, notamment celle d’Emmanuel Macron à Alger en août 2022. Cependant, cet apaisement a été de courte durée, avec des incidents qui ont ravivé les tensions. La décision de l’Algérie de rappeler son ambassadeur en France en février 2023, suite à l’exfiltration de la militante Amira Bouraoui, a été un tournant significatif. Alger a accusé Paris d’avoir orchestré cette opération, considérée comme une violation de sa souveraineté.
Les événements récents
L’affaire Bouraoui a mis en lumière les fragilités des relations bilatérales. Après avoir fui vers la Tunisie, Bouraoui a été protégée par le consulat français, ce qui a conduit à son départ pour la France malgré une interdiction de sortie du territoire algérien. Cette situation a provoqué une réaction immédiate d’Alger, qui a dénoncé une « exfiltration illégale » et a suspendu les laissez-passer consulaires, rendant impossible le retour des Algériens expulsés de France.
En parallèle, le soutien de la France au plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental constitue un autre point de friction. L’Algérie, qui soutient le Front Polisario dans sa lutte pour l’autodétermination du Sahara occidental, perçoit ce soutien français comme une ingérence dans ses affaires régionales. Cette position a été renforcée par les récentes déclarations des dirigeants français, qui semblent privilégier les intérêts marocains, aggravant ainsi le ressentiment à Alger.
Perspectives d’une nouvelle crise
Les tensions actuelles entre Alger et Paris soulèvent des inquiétudes quant à une nouvelle crise diplomatique. La suspension des laissez-passer consulaires pourrait avoir des répercussions sur les relations économiques et sociales entre les deux pays, notamment en ce qui concerne la communauté algérienne en France. De plus, la situation en Ukraine et l’alignement d’Alger avec Moscou ajoutent une dimension géopolitique complexe à cette crise, alors que la France cherche à maintenir son influence dans la région.
Les efforts de réconciliation, tels que les visites de hauts responsables français en Algérie, semblent désormais fragiles. La méfiance s’est installée, et les canaux de communication, bien que renforcés, pourraient ne pas suffire à prévenir une escalade des tensions. Les deux pays doivent naviguer avec prudence dans un contexte international en constante évolution, où les alliances et les intérêts stratégiques sont en jeu.
Sources : https://www.europe1.fr/politique/crise-diplomatique-lalgerie-decide-de-suspendre-les-laissez-passer-consulaires-francais-4169888 https://www.france24.com/fr/france/20230324-la-france-et-l-alg%C3%A9rie-tournent-la-page-de-leur-derni%C3%A8re-crise-diplomatique https://www.la-croix.com/Macron-Tebboune-tournent-page-crise-diplomatique-entre-Paris-Alger-2023-03-24-1301260619 https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/02/09/entre-l-algerie-et-la-france-le-retour-des-tensions-diplomatiques_6161122_3212.html https://www.lesechos.fr/monde/enjeux-internationaux/nouvelle-crise-entre-paris-et-alger-1904881