L’Égypte a vécu un moment politique et humain majeur ce lundi 22 septembre 2025, lorsque le président Abdel Fattah al-Sissi a annoncé la grâce présidentielle d’Alaa Abdel-Fattah, militant et blogueur égypto-britannique. Âgé de 43 ans, il s’était imposé dès les années 2000 comme l’un des pionniers du mouvement des blogueurs et un acteur central de la révolution de 2011 contre Hosni Moubarak. Devenu le prisonnier politique le plus célèbre du pays, il a passé la majeure partie de la dernière décennie derrière les barreaux.
Arrêté pour la dernière fois en 2019, Abdel-Fattah avait été condamné en décembre 2021 à cinq ans de prison pour « diffusion de fausses informations » sur Facebook, une accusation couramment utilisée pour museler les critiques. Bien qu’il ait théoriquement purgé sa peine en septembre 2024, il n’avait pas été libéré. Sa grâce survient après une intense campagne nationale et internationale menée par sa famille, des ONG de défense des droits humains et le gouvernement britannique. En mai, des experts de l’ONU avaient qualifié sa détention d’« arbitraire » et exigé sa libération, tandis qu’en juillet, la justice égyptienne l’avait retiré de la liste des personnes accusées de terrorisme, faute de preuves.
L’annonce a déclenché une immense joie parmi ses proches. Sa sœur Sanaa Seif a confirmé la décision sur X (ex-Twitter), tandis que sa mère, l’universitaire Laila Soueif, qui avait mené une grève de la faim de dix mois, a salué « un jour historique ». Sa libération effective interviendra après la publication du décret au Journal officiel. Si cette grâce, qui concerne également d’autres détenus, est perçue comme un geste d’ouverture, des organisations comme Human Rights Watch rappellent que des milliers de prisonniers politiques restent incarcérés pour leurs opinions. Pour beaucoup, cette décision offre un espoir fragile mais réel d’une évolution vers plus de libertés en Égypte.