Des déclarations contradictoires sèment l’incertitude
Le 19 septembre 2025, le ministre d’État à la Coopération internationale, Henry Okello Oryem, a affirmé que certaines catégories d’Ougandais pourraient voir leurs visas de longue durée limités dès 2026, en réponse aux abus et dépassements de séjour. À l’inverse, l’ambassadeur Zaake Wanume Kibedi a démenti toute communication officielle des EAU, confirmant qu’aucune restriction n’avait été annoncée. L’ambassade émiratie à Kampala n’a pas confirmé de directive officielle, laissant la diaspora dans une attente anxieuse et incertaine.
Cette incertitude touche des milliers de travailleurs envoyés chaque année aux EAU environ 4 457 en 2025 principalement dans les secteurs domestique, de la sécurité et du nettoyage. Les fonds qu’ils envoient, estimés à 350 millions de dollars en 2024, constituent un pilier vital de l’économie ougandaise. Le ministre Oryem a insisté sur le respect strict des lois locales avant tout assouplissement des restrictions, rappelant que « l’Ouganda doit d’abord nettoyer sa propre maison ».
L’ombre des réseaux d’exploitation sexuelle à Dubaï
Si les visas sont au cœur de cette controverse, le contexte dramatique des travailleurs ougandais à Dubaï est aggravé par des réseaux d’exploitation sexuelle. Une enquête du BBC World Service révèle que des jeunes femmes sont attirées sous de fausses promesses d’emploi, puis contraintes à la prostitution pour rembourser dettes et frais liés aux visas et au logement. Des tragédies ont déjà coûté la vie à Monic Karungi et Kayla Birungi, mortes après être tombées de bâtiments en 2021 et 2022, tandis que les autorités locales restent largement impassibles.
Charles Mwesigwa, principal accusé identifié par la BBC, nie toute implication directe, mais des proches des victimes affirment qu’il se vante de son impunité. Les témoignages décrivent des abus sexuels dégradants et à caractère racial, illustrant la vulnérabilité des Ougandaises face à ces réseaux. Entre incertitude sur les visas et dangers extrêmes pour la diaspora, la situation impose une action urgente. Les EAU restent un partenaire économique stratégique, mais l’Ouganda doit renforcer la protection consulaire et la régulation de l’émigration. Les décisions à venir sur les visas ne concernent pas seulement le travail légal, elles déterminent également la sécurité et la dignité de milliers d’Ougandais à l’étranger.