Un bond historique pour le développement éthiopien
Le GERD, construit sur le Nil Bleu, est le plus grand barrage hydroélectrique d’Afrique, avec une capacité de 74 milliards de mètres cubes et une production attendue de 5150 mégawatts. Il pourrait doubler la production électrique nationale, où près de 45 % de la population reste privée d’électricité.
Le projet vise à électrifier les zones rurales, stimuler l’industrie, générer environ un milliard de dollars par an grâce aux exportations d’électricité vers les pays voisins et renforcer la sécurité alimentaire par l’irrigation et la pêche. Pour l’Éthiopie, ce mégaprojet symbolise l’indépendance énergétique et la modernisation économique, tout en affirmant une fierté nationale et panafricaine.
Des inquiétudes croissantes en Égypte et au Soudan
À l’inverse, l’Égypte et le Soudan considèrent le GERD comme une menace existentielle. L’Égypte dépend à 97 % du Nil pour ses besoins hydriques et estime ses réserves actuelles à 59,6 milliards de mètres cubes, bien en dessous des 114 milliards nécessaires. Le Soudan partage ces craintes, dénonçant toute décision unilatérale sur le bassin du Nil Bleu.
Malgré plus de dix ans de négociations et des médiations de l’Union africaine, des États et de la Banque mondiale, aucun accord juridiquement contraignant sur la gestion du barrage n’a été conclu. L’Éthiopie insiste pour gérer seule le GERD, tandis que Le Caire multiplie projets de dessalement, alliances régionales et coopération militaire pour sécuriser son approvisionnement.
L’inauguration du GERD illustre la dualité du développement africain : un symbole de progrès technologique et économique pour l’Éthiopie, et un défi diplomatique majeur pour la région du Nil. La manière dont ces tensions seront gérées déterminera l’avenir hydrique et politique de millions d’Africains, tout en testant la capacité du continent à concilier développement et coopération transfrontalière.