Air Côte d’Ivoire s’apprête à franchir un cap stratégique. Le 18 septembre 2025, la compagnie nationale inaugurera sa première liaison quotidienne entre Abidjan et Paris, opérée par un Airbus A330-900neo récemment réceptionné à Toulouse en présence de la Première Dame Dominique Ouattara. Cette entrée sur le marché long-courrier marque une étape importante pour le transport aérien ivoirien et ouest-africain, mais pose également la question de sa compétitivité tarifaire face aux acteurs déjà installés.
L’A330-900neo, premier gros-porteur de la flotte ivoirienne, est configuré avec 4 suites Business Plus, 41 sièges Business, 21 en Premium et 173 en Économique. L’appareil, doté de la cabine Airspace, est conçu pour réduire la consommation de carburant de 25 % par siège par rapport aux générations précédentes et offrir une expérience de vol plus silencieuse. La compagnie met en avant ce confort et ces innovations pour séduire une clientèle d’affaires et haut de gamme.
Cependant, la grille tarifaire annoncée soulève des interrogations. Selon le directeur général Laurent Loukou, les billets Premium débuteront à 800.000 Fcfa (1.220 €) et ceux en Business entre 1,6 et 1,7 million Fcfa (2.450 à 2.600 €). Les prix en Économique n’ont pas encore été précisés mais sont annoncés comme “plus confortables”. En comparaison, Corsair propose des vols à partir de 325.000 Fcfa (500 €) et Air France dès 455.000 Fcfa (700 €). Ces écarts de prix pourraient limiter l’accessibilité de la compagnie auprès d’une partie importante de la diaspora africaine, traditionnellement sensible aux coûts de voyage.
Cette orientation laisse entrevoir une stratégie ciblant prioritairement les élites économiques et politiques régionales. Mais elle expose Air Côte d’Ivoire à un défi : justifier ces tarifs plus élevés tout en consolidant sa place sur une ligne très concurrentielle. Déjà leader en Afrique de l’Ouest et du Centre avec 22 destinations, la compagnie nationale aborde ainsi une phase décisive. Le succès de l’A330neo dépendra de sa capacité à équilibrer ambition nationale, qualité de service et attractivité tarifaire.
