La nouvelle disposition prévoit des peines allant de deux à cinq ans de prison ainsi que des amendes pour les personnes reconnues coupables de « pratiques homosexuelles ». Les étrangers condamnés encourront également l’expulsion du territoire. Selon le ministre de la Justice, Garde des Sceaux Edasso Rodrigue Bayala, cette réforme vise à protéger les valeurs sociales et familiales du Burkina Faso. La loi est immédiatement applicable.
Cette réforme intervient dans un contexte politique marqué par la gouvernance de transition dirigée par le capitaine Ibrahim Traoré depuis le coup d’État de 2022. Elle s’inscrit dans un Code des personnes et de la famille révisé comprenant 1 113 articles, 17 titres et 56 chapitres. Outre la question de l’homosexualité, le texte introduit plusieurs changements, notamment : un délai de cinq à sept ans avant l’acquisition de la nationalité par mariage, la reconnaissance des mariages religieux et coutumiers, l’abaissement de l’âge légal du mariage à 18 ans (avec possibilité d’exception à 16 ans) et la possibilité de déchéance de la nationalité pour atteinte aux intérêts du pays.
Des organisations internationales de défense des droits humains, dont Human Rights Watch et Amnesty International, ont exprimé leurs préoccupations, estimant que la loi viole le droit à la vie privée et le principe de non-discrimination. Elles appellent les autorités burkinabè à revoir le texte. Les critiques soulignent également les risques pour la santé publique, notamment en matière de prévention du VIH, ainsi que pour la situation diplomatique du pays.
Le Burkina Faso rejoint ainsi une trentaine d’États africains qui criminalisent les relations homosexuelles. Des pays voisins comme le Mali ont récemment adopté des mesures similaires, tandis que d’autres États, tels que l’Afrique du Sud, le Botswana ou le Mozambique, ont décriminalisé l’homosexualité.