Le 17 juin 2025, la Cour fédérale du Canada a tranché sur le cas de Douglas Egharevba, ancien membre du Peoples Democratic Party (PDP) nigérian. La juge Fong Ngo a estimé que son affiliation passée à un parti impliqué dans des fraudes électorales et des violences lors des élections locales de 2003-2004 constituait un motif d’inadmissibilité au statut de réfugié. La décision s’appuie sur la loi canadienne sur l’immigration, qui exclut toute personne liée à un groupe soupçonné d’atteintes graves au processus démocratique. Toutefois, contrairement aux rumeurs largement diffusées dans certains médias, la Cour n’a pas déclaré le PDP ni l’All Progressives Congress (APC) comme organisations terroristes.
Cette précision n’a pas empêché la controverse de s’amplifier au Nigeria. Le ministère des Affaires étrangères, par la voix de son porte-parole Kimiebi Ebienfa, a dénoncé une décision « sans fondement » et une « ingérence inacceptable ». Abuja a exigé le retrait immédiat de ce jugement et rappelé que l’APC et le PDP sont des partis politiques légaux ayant dirigé le pays dans le cadre d’élections démocratiques. Le gouvernement nigérian a également affirmé sa disponibilité à un dialogue diplomatique avec Ottawa afin d’éviter une détérioration des relations bilatérales.
Au-delà du cas individuel de M. Egharevba, l’affaire met en lumière la sensibilité des perceptions internationales autour de la démocratie nigériane. Elle illustre les conséquences possibles pour les ressortissants ayant eu des liens avec les partis politiques dominants et souligne la fragilité de l’image du Nigeria sur la scène mondiale. La confusion médiatique, amplifiant l’affaire en évoquant une supposée désignation terroriste, a contribué à alimenter la tension diplomatique.
La décision canadienne apparaît ainsi moins comme une remise en cause directe des institutions politiques nigérianes que comme l’application rigoureuse d’une législation migratoire. Toutefois, la fermeté de la réaction d’Abuja rappelle que toute atteinte perçue à la légitimité de ses partis au pouvoir ou d’opposition reste un sujet hautement sensible. Le règlement de ce différend passera inévitablement par un dialogue diplomatique destiné à préserver le respect mutuel entre les deux pays.