Une procédure inédite en RDC
Le 31 juillet, la Haute Cour militaire de Kinshasa a lancé une procédure inédite en RDC : le procès de Joseph Kabila pour trahison, complot et intelligence avec l’ennemi. L’ancien président est soupçonné d’être lié à la résurgence de la rébellion AFC/M23, active dans l’est du pays. Le parquet l’accuse notamment d’avoir agi en concertation avec des figures politiques et militaires congolaises, ainsi qu’avec le Rwanda, dans une tentative présumée de déstabiliser les institutions.
Des accusations au cœur de la crise sécuritaire
Selon l’acte d’accusation, cette coalition aurait visé à renverser le président Félix Tshisekedi en s’appuyant sur l’avancée des rebelles dans les provinces du Nord et Sud-Kivu. L’affaire intervient alors que le pays est déjà confronté à une crise sécuritaire aiguë dans ces régions frontalières. La présence du M23 sur le terrain est source de tensions géopolitiques avec les pays voisins, notamment le Rwanda, pointé du doigt par Kinshasa.
Une défense absente et contestataire
Mais le procès divise. Les proches de Kabila dénoncent une manœuvre politique destinée à neutraliser l’ancien président et à affaiblir son parti, le PPRD. Plusieurs responsables, dont Emmanuel Ramazani Shadary, estiment que « le verdict est déjà connu » et parlent d’une « parodie de justice ». En signe de protestation, l’accusé a refusé de comparaître, adoptant une stratégie de « chaise vide », justifiée par la défiance envers une justice jugée inféodée au pouvoir en place.
Ce procès historique met en lumière les tensions persistantes entre l’ancien régime et les autorités actuelles. Il interroge sur l’indépendance de la justice congolaise et sur l’usage de l’appareil judiciaire dans les luttes de pouvoir. Au-delà du cas Kabila, il pose la question du traitement des anciens dirigeants africains et du renforcement de l’État de droit sur le continent.