Condamné pour « atteinte à l’unité nationale », « outrage à corps constitué » et « détention de contenus menaçant la sécurité », Boualem Sansal avait évoqué dans une interview à un média français d’extrême droite, en 2023, la question des frontières algériennes, estimant que certaines terres appartenaient historiquement au Maroc. Il a été arrêté en novembre 2024 à son retour à Alger.
Sa peine est assortie d’une amende de 500 000 dinars algériens, soit environ 2,5 millions FCFA. Malgré une défense assurée par lui-même et l’évocation de son droit à la liberté d’expression, le verdict a été confirmé en appel. Ses partisans espèrent une grâce présidentielle le 5 juillet, jour de l’Indépendance algérienne, souvent associé à des mesures de clémence.
L’affaire intervient dans un climat diplomatique tendu. Le soutien de l’Algérie au Front Polisario et le rapprochement de la France avec le Maroc sur la question du Sahara occidental ont aggravé les relations. À cela s’ajoute la crispation autour de la politique migratoire française. Le président Tebboune a dénoncé un « dialogue inutile » avec Emmanuel Macron, et les tensions se sont traduites en avril par l’expulsion réciproque de diplomates. Certains observateurs voient dans la condamnation de Sansal un levier politique d’Alger pour affirmer sa souveraineté.
Ce cas met en lumière les limites de la liberté d’expression dans un contexte de nationalisme renforcé, tout en interrogeant le rôle des intellectuels dans les régimes autoritaires. Pour la diaspora africaine et les défenseurs des droits humains, il pose une question cruciale : peut-on encore débattre librement de l’histoire sans risquer la prison ?
Sources : https://information.tv5monde.com/afrique/boualem-sansal-lheure-du-jugement-en-appel-pour-lecrivain-franco-algerien-2778930 https://apnews.com/article/boualem-sansal-algeria-france-freedom-expression-prison-2639b602b61ac58756e6b26e4755678c https://www.aa.com.tr/fr/monde/boualem-sansal-condamné-en-appel-en-algérie-paris-dénonce-une-décision-injustifiée-/3618753