Ces dernières semaines, le Kenya est le théâtre de manifestations intenses, suite à la mort de deux civils dans des circonstances troublantes. Ces événements ont exacerbé les tensions préexistantes entre la population et les forces de l’ordre, ravivant le débat sur les violences policières et la responsabilité de l’État. Au cœur de cette indignation, les décès d’Albert Ojwang, un blogueur influent, et de Boniface Kariuki, un jeune commerçant, sont devenus le symbole d’une quête de justice pressante.
L’indignation publique a été catalysée par le décès d’Albert Ojwang, un enseignant de 31 ans et commentateur influent sur les réseaux sociaux. Arrêté à Homabay après avoir critiqué la conduite du Directeur Général Adjoint de la police, Eliud Lagat, M. Ojwang a été transféré à Nairobi et retrouvé mort dans sa cellule. Si la police a initialement évoqué des blessures auto-infligées, l’avocat de sa famille a rapidement allégué des tortures, des accusations renforcées par des rapports de torture préalable à sa détention. En réponse, le Service national de police et l’Autorité indépendante de surveillance de la police (IPOA) ont ouvert une enquête, aboutissant à l’arrestation d’un policier inculpé de meurtre, et d’autres officiers étant interrogés.

Quelques jours plus tard, une nouvelle tragédie a amplifié la colère. Lors d’une manifestation à Nairobi le 17 juin, Boniface Kariuki, un jeune marchand ambulant de 22 ans, a été abattu d’une balle dans la tête à bout portant. Sa mère, Susan Njeri, clame l’innocence de son fils, affirmant qu’il ne participait pas aux protestations. La famille, endeuillée, interpelle directement le président William Ruto, le sommant de tenir ses promesses d’éradiquer les brutalités policières et d’agir avec compassion envers les victimes.
Ces événements s’inscrivent dans un tableau plus large de violences policières et de « sanctions sévères » auxquelles la jeunesse kenyane fait face depuis juin de l’année précédente, notamment en raison de la « loi de finances punitive de 2024 ». La police est fréquemment accusée d’enlèvements et de meurtres lors de manifestations contre la hausse des impôts. Les manifestants à Nairobi ont exprimé leur frustration en scandant « Pas de justice, pas de budget », soulignant le lien entre la répression et les politiques économiques controversées du gouvernement. Cette situation a mené à des interrogations parlementaires où des législateurs ont déploré la conduite des forces de l’ordre, exigeant qu’elles garantissent les droits constitutionnels des citoyens.

La série d’événements récents au Kenya met en lumière une crise de confiance profonde entre la population et les autorités. Les familles des victimes, soutenues par une jeunesse mobilisée, continuent de réclamer des comptes et des réformes structurelles. Le président William Ruto, qui s’était engagé à éradiquer les brutalités policières, se trouve face à une épreuve majeure. La résolution de ces affaires et la mise en œuvre de changements tangibles seront cruciales pour apaiser les tensions et restaurer la confiance dans l’État de droit au Kenya, un enjeu essentiel pour l’avenir de la nation et pour l’ensemble du continent africain.
Sources : https://fr.africanews.com/2025/06/19/kenya-des-proches-des-victimes-de-la-repression-policiere-reclament-justice// https://www.jurist.org/news/2025/06/protests-erupt-in-kenya-against-police-brutality-and-proposed-finance-bill/