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14/10/2025   

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L’intelligence artificielle (IA) nourrit à la fois de formidables espoirs et de sérieuses inquiétudes. Pour l’Afrique et sa diaspora, qui veulent tirer parti de ces technologies, la prise de recul est indispensable : Luc Julia, co‑créateur de Siri, alerte sur la nécessité de rester lucides et exigeants face aux limites de ces outils.
L’intelligence artificielle (IA) nourrit à la fois de formidables espoirs et de sérieuses inquiétudes. Pour l’Afrique et sa diaspora, qui veulent tirer parti de ces technologies, la prise de recul est indispensable : Luc Julia, co‑créateur de Siri, alerte sur la nécessité de rester lucides et exigeants face aux limites de ces outils.

Auditionné au Sénat, Luc Julia ancien vice‑président de l’innovation chez Samsung brosse un tableau nuancé : l’IA est avant tout un outil qui augmente nos capacités et nous libère du temps, mais elle demeure fondamentalement peu fiable. L’ingénieur considère qu’il s’agit d’une simple « évolution » rendue spectaculaire par son accessibilité planétaire ; une IA générale capable de réfléchir comme un humain relève toujours, selon lui, de la science‑fiction. « Les IA ne créent rien », insiste‑t‑il : elles réagencent nos propres requêtes.

Cette puissance a un revers majeur : l’inexactitude. Julia estime qu’un tiers des réponses générées est erroné. Une étude de l’Université de Hong Kong montre que ChatGPT n’identifie correctement que 64 % des faits vérifiés, tandis qu’un rapport interne d’OpenAI signale une baisse annuelle de 2 % de la pertinence, conséquence d’un afflux de « mauvaises données ». D’où sa mise en garde : « Ces IA disent n’importe quoi. »

Les conséquences sont particulièrement sensibles chez les jeunes ; enseignants et formateurs redoutent qu’une dépendance aveugle à l’IA n’appauvrisse l’esprit critique. L’éducation numérique devient donc cruciale : chaque information générée doit être confrontée à d’autres sources fiables, l’enseignant jouant le rôle de « référent » indispensable.

Pour combler ces lacunes, Luc Julia préconise de spécialiser les modèles plutôt que d’utiliser des IA généralistes. Des techniques comme le Retriever‑Augmented Generation (RAG) ou le fine‑tuning permettraient d’atteindre jusqu’à 99 % de pertinence dans des domaines ciblés. L’IA ne supprimera pas les emplois, explique‑t‑il ; elle en transformera la nature en automatisant les tâches répétitives et en renforçant l’expertise humaine.

Reste un coût rarement évoqué : l’empreinte environnementale. Julia rappelle qu’une vingtaine de requêtes ChatGPT équivalent à un litre d’eau consommé pour le refroidissement des serveurs. Sans frugalité énergétique, prévient‑il, cette génération de modèles court au « suicide à moyen terme ». Il appelle donc à la responsabilité individuelle et aux politiques de RSE pour freiner la surconsommation numérique et encourager des IA plus sobres.

En définitive, l’IA est appelée à jouer un rôle majeur dans les ambitions numériques africaines, à condition d’être abordée avec lucidité et exigence. S’informer, vérifier, spécialiser les modèles et intégrer la dimension éthique et environnementale sont les fourches caudines d’une adoption durable. L’avenir de l’IA dépendra de notre capacité collective à l’orienter vers des usages pertinents, responsables et adaptés aux réalités du continent.

Sources : https://lehub.laposte.fr/luc-julia-eduquer-et-specialiser-les-ia-pour-gagner-en-efficacite-et-en-pertinence https://www.publicsenat.fr/actualites/societe/intelligences-artificielles-on-ne-peut-pas-leur-faire-confiance-previent-le-concepteur-de-lassistant-vocal-siri