Dès son arrivée, la nouvelle équipe présidentielle a imposé une révision des priorités de la DFC. Si l’agence américaine de financement du développement, destinée au secteur privé, continuera de soutenir l’énergie et les infrastructures, elle mettra désormais davantage l’accent sur les secteurs extractif, pétrolier, gazier et minier. Une orientation cohérente avec l’objectif stratégique de contrer l’influence économique croissante de la Chine sur le continent.
La Guinée figure déjà parmi les pays qui suscitent un vif intérêt pour leurs ressources minières. À Abidjan, où se trouve le bureau régional de la DFC pour l’Afrique francophone, cette nouvelle approche est pilotée par Biro Condé, un ancien du cabinet PwC intégré à l’agence en 2021.
En parallèle, le secteur bancaire ouest-africain pourrait bénéficier d’une attention accrue, avec la possibilité d’un soutien financier via des prêts ou des prises de participation dans le capital de banques locales.
Vers des financements en euros ?
Autre nouveauté envisagée : permettre à la DFC d’accorder des financements en euros, et non plus uniquement en dollars. Si cette mesure venait à être validée, elle faciliterait les investissements dans les pays francophones, dont les systèmes financiers sont étroitement liés à l’Europe.
Mais ce virage stratégique s’accompagne aussi de conditions strictes. Les entreprises souhaitant accéder aux fonds de la DFC devront se conformer aux lois anti-discrimination adoptées par Donald Trump dès janvier 2025.
Une agence choyée par Washington
La DFC figure parmi les rares agences fédérales que la nouvelle administration américaine entend renforcer. Dirigée par intérim par Dev Jagadesan, l’agence est appelée à jouer un rôle de premier plan dans la diplomatie commerciale des États-Unis en Afrique, comme l’a souligné le Bureau des affaires africaines du Département d’État dans sa stratégie dévoilée en mai.
À ce titre, l’administration Trump a demandé une augmentation du budget de la DFC pour l’exercice 2026, notamment pour la création d’un fonds de roulement en capital d’un montant de 3 milliards de dollars (environ 1 800 milliards FCFA). Cette requête est actuellement à l’étude au Congrès américain.
Aujourd’hui, la DFC dispose d’une capacité d’investissement globale de 120 milliards de dollars (72 000 milliards FCFA), dont 50 milliards déjà engagés dans le monde. L’Afrique en capte à ce jour 13 milliards (7 800 milliards FCFA), et environ 500 millions de dollars supplémentaires (300 milliards FCFA) pourraient y être investis prochainement.
Vers de nouvelles implantations en Afrique
Pour soutenir cette montée en puissance, la DFC envisage l’ouverture de nouveaux bureaux sur le continent. Après Johannesburg et Abidjan, les villes de Rabat (Maroc) et Nairobi (Kenya) sont pressenties pour accueillir de nouvelles antennes régionales. Contactée à ce sujet, l’agence n’a pas souhaité faire de commentaires à Africa Intelligence.