En août 2024, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré le Mpox comme une urgence de santé publique de portée internationale. La maladie, qui s’est largement résorbée ailleurs, continue de sévir sur le continent africain, principalement en Afrique centrale et de l’Est. La République Démocratique du Congo (RDC) en constitue l’épicentre, concentrant à elle seule 96 % des cas africains enregistrés en 2024.
Avec plus de 26 000 cas sur le continent, dont plus de 6 000 en RDC et 25 décès, la propagation du Mpox inquiète. Le Burundi, par exemple, a signalé 1 579 cas depuis juillet 2024, avec un taux de positivité atteignant 44,5 %. Le Mpox, virus de la même famille que la variole, se propage par contact étroit, provoque des éruptions cutanées douloureuses, de la fièvre et une inflammation des ganglions. La rapidité de transmission est amplifiée par la fragilité des systèmes de santé, l’absence de couverture vaccinale et la stigmatisation des personnes contaminées.
La dépendance vaccinale, un mal structurel
L’Afrique dépend encore largement de l’aide extérieure pour ses besoins en vaccins. L’Union européenne a récemment offert 200 000 doses, et les États-Unis ont livré 50 000 doses à la RDC. Jean Kaseya, directeur du CDC Afrique, a souligné que cette dépendance, déjà criante durant la pandémie de COVID-19, illustre la marginalisation du continent dans l’accès équitable aux outils de santé mondiaux.
Le vaccin Mpox, coûteux et produit en quantité limitée, reste hors de portée pour de nombreux pays africains. Le continent tire ainsi une nouvelle fois la sonnette d’alarme sur la nécessité d’une souveraineté sanitaire.
Cap sur l’autonomie : produire en Afrique pour l’Afrique
Face à cette situation, le CDC Afrique a engagé des discussions avec Bavarian Nordic, l’unique fabricant du vaccin Mpox homologué, afin de transférer la technologie aux producteurs africains. Les premières étapes prévues concernent le « remplissage et finition », une phase déjà maîtrisée par plusieurs pays du continent.
Toutefois, cette stratégie se heurte à un écueil de taille : l’incertitude de la demande. « C’est un jeu d’argent », avertit Githinji Gitahi, PDG d’Amref Health Africa, pour qui la production locale ne pourra prospérer que si des acheteurs s’engagent sur le long terme. À cet égard, les ministres africains de la santé ont, en mai dernier, promis d’acheter des vaccins fabriqués sur le continent, engagement que le CDC Afrique veut concrétiser grâce à un mécanisme d’achat groupé, en collaboration avec l’Organisation panaméricaine de la santé.
Les obstacles réglementaires freinent encore l’élan
Le renforcement de la production ne suffira pas sans une réforme réglementaire. À l’heure actuelle, seuls quelques pays africains ont approuvé l’utilisation du vaccin Mpox, freinant son déploiement rapide. La majorité dépend toujours de l’avis de l’OMS.
Chimwemwe Chamdimba, responsable du programme d’harmonisation des médicaments en Afrique (AMRH), a mis en lumière le manque de professionnels qualifiés et la lenteur des procédures d’urgence. L’AMRH œuvre désormais à accélérer les autorisations dans le cadre de la réponse au Mpox, afin de permettre un meilleur accès régional aux vaccins africains, indispensable à une véritable sécurité sanitaire.
L’appel de l’OMS pour une réponse mondiale coordonnée
Le 9 juin 2025, l’OMS a rappelé que l’épidémie de Mpox reste une urgence mondiale et a publié une série de recommandations temporaires. Celles-ci incluent :
- une meilleure coordination des interventions d’urgence,
- le renforcement de la surveillance épidémiologique,
- l’accès équitable au diagnostic,
- la vaccination ciblée,
- la lutte contre la stigmatisation,
- la mobilisation de financements,
- et l’investissement dans la recherche.
L’organisation insiste sur l’importance d’un effort intégré, incluant États, partenaires techniques et secteur privé, pour contenir la propagation et éviter de futures crises sanitaires d’ampleur similaire. Au-delà de la riposte immédiate à l’épidémie, l’Afrique doit tirer de cette crise les leçons nécessaires pour bâtir sa résilience sanitaire. Renforcer la production locale, harmoniser les réglementations, et sécuriser des marchés stables sont les conditions incontournables pour ne plus subir la prochaine urgence, mais y répondre avec efficacité et autonomie.
Sources : https://www.scidev.net/afrique-sub-saharienne/news/l-afrique-peut-devenir-leader-de-la-production-du-vaccin-anti-mpox/ https://www.coalitionplus.org/2024/12/17/mpox-en-afrique-centrale-et-de-lest-une-epidemie-alarmante/ https://www.who.int/fr/news/item/09-06-2025-fourth-meeting-of-the-international-health-regulations-(2005)-emergency-committee-regarding-the-upsurge-of-mpox-2024-temporary-recommendations