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14/03/2025   

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Le projet de Constitution au Gabon : un mandat présidentiel de 7 ans, la clé pour éviter les dérives ou un pas vers la concentration du pouvoir

Le projet de Constitution au Gabon : un mandat présidentiel de 7 ans, la clé pour éviter les dérives ou un pas vers la concentration du pouvoir

Le projet de Constitution au Gabon : un mandat présidentiel de 7 ans, la clé
pour éviter les dérives ou un pas vers la concentration du pouvoir ?
Le Gabon, dans son projet de Constitution pour 2024, propose un changement majeur avec l’introduction d’un mandat présidentiel de sept ans, renouvelable une seule fois. Cette réforme vise à limiter le président à deux mandats consécutifs, soit un total de 14 ans au pouvoir. Si cette mesure est perçue comme une avancée vers la démocratie, elle soulève également des controverses sur la durée du mandat et son impact sur la gouvernance du pays.


La durée du mandat : stabilité ou consolidation du pouvoir ?
L’article 42 du projet de Constitution dispose: « Le Président de la République est élu pour sept (07) ans au suffrage universel direct. Il est rééligible une seule fois. » Bien que la limitation à deux mandats consécutifs soit un garde-fou contre une concentration excessive du pouvoir, la durée de sept ans pourrait laisser un président s’installer solidement avant de faire face à une nouvelle élection. Prenons l’exemple du Togo. En 2019, le président Faure Gnassingbé a modifié la Constitution pour introduire une limitation à deux mandats, mais cette réforme ne s’appliquait pas rétroactivement, permettant à Gnassingbé de se représenter. Avec un mandat de cinq ans, il est toujours au pouvoir après près de vingt ans. La proposition gabonaise de sept ans soulève des inquiétudes similaires : une telle durée permet à un président de consolider son pouvoir avant même qu’une élection ne puisse renverser cet équilibre.


Le scrutin à deux tours : un renforcement de la légitimité
Le projet de Constitution gabonais introduit également un scrutin majoritaire à deux tours. L’article 42 prévoit que « L’élection du Président de la République a lieu au scrutin majoritaire uninominal à deux tours. » Cette disposition vise à renforcer la légitimité du président élu, en s’assurant qu’il obtienne une majorité absolue. En Afrique, où des élections à un seul tour ont souvent produit des résultats controversés, le scrutin à deux tours est vu comme une garantie de représentativité. Par exemple, au Mali en 2018, le président Ibrahim Boubacar Keïta n’a remporté la majorité qu’après un second tour, renforçant sa légitimité. De même, l’Angola, en adoptant ce mode de scrutin en 2010, a amélioré la transparence de ses élections. Pour le Gabon, cette réforme pourrait renforcer la clarté des résultats électoraux et garantir une meilleure légitimité au président élu.


Limitation des mandats : un rempart contre la perpétuation du pouvoir
La limitation à deux mandats inscrite dans l’article 42 est une mesure importante pour éviter les dérives autoritaires. Cette réforme suit une tendance observée dans d’autres pays africains, comme le Sénégal, où la limitation à deux mandats a été confirmée par référendum en 2016. Le président Macky Sall, élu en 2012, s’est engagé à ne pas briguer un troisième mandat, un acte salué au niveau international. Cependant, des pays comme la Côte d’Ivoire montrent les failles possibles dans l’application de telles réformes. En 2020, Alassane Ouattara, initialement opposé à un troisième mandat, s’est finalement représenté en invoquant la Constitution de 2016, ce qui montre que des garde-fous supplémentaires sont nécessaires pour éviter les abus.


Sept ans : trop long pour une démocratie ?
Certains analystes estiment que la durée de sept ans est excessive pour un mandat présidentiel. L’article 42 dispose: « Nul ne peut exercer plus de deux mandats successifs. » Cependant, cette longue période pourrait écarter la possibilité d’une évaluation plus régulière de l’action du président par le peuple. Prenons l’exemple de l’Ouganda, où le président Yoweri Museveni a supprimé les limites de mandat pour prolonger son pouvoir. Bien que ses mandats soient de cinq ans, l’absence de restrictions a permis à Museveni de rester en place depuis 1986. Avec un mandat de sept ans, le Gabon risque de favoriser une stagnation politique similaire, où les élections deviennent de simples formalités pour un président solidement installé.

Le projet de Constitution du Gabon pour 2024 vise à garantir la stabilité par une limitation stricte des mandats et l’introduction d’un scrutin à deux tours. Cependant, la durée de sept ans suscite des interrogations sur l’équilibre entre stabilité et renouvellement démocratique. Le Gabon devra tirer des leçons des expériences africaines pour éviter les dérives. Une application rigoureuse des limitations de mandats et un respect des principes démocratiques seront essentiels pour que cette réforme serve véritablement l’intérêt national, plutôt que de renforcer une concentration excessive du pouvoir.

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