Le projet de Constitution du Gabon, actuellement en débat, se heurte à des
questions sensibles, notamment celle de l’homosexualité. Dans un contexte où les
droits des personnes LGBTQ+ sont souvent négligés, il est essentiel d’examiner
comment cette problématique est abordée dans le cadre des réformes
constitutionnelles envisagées.
Un cadre légal encore restrictif
À ce jour, l’homosexualité est criminalisée au Gabon, comme l’indique l’article 402
du Code pénal, qui prévoit des peines allant jusqu’à trois ans de prison pour les actes sexuels entre personnes de même sexe. Cette législation, héritée d’une tradition conservatrice et influencée par des normes culturelles et religieuses, témoigne d’une stigmatisation persistante des personnes LGBTQ+ dans le pays. Le projet de Constitution ne semble pas avoir pour but de modifier cette situation. Aucun article ne fait mention explicite de la reconnaissance des droits des personnes LGBTQ+, suscitant des préoccupations quant à l’inclusion et à la protection de toutes les minorités dans le nouveau cadre juridique. Les articles 6 et 7, qui abordent l’égalité et la non-discrimination, omettent de préciser l’orientation sexuelle comme motif d’interdiction de discrimination.
Un débat sociétal en évolution
La question de l’homosexualité et des droits LGBTQ+ demeure un sujet tabou dans
de nombreuses sociétés africaines, y compris au Gabon. Cependant, une dynamique sociétale commence à émerger. Des mouvements de défense des droits humains et des voix dissidentes commencent à se faire entendre, plaidant pour une plus grande reconnaissance et une meilleure protection des droits des personnes LGBTQ+. Le projet de Constitution, reflet des valeurs et aspirations d’une société en mutation, pourrait potentiellement ouvrir la voie à des changements. Cependant, cette évolution dépendra largement de la volonté politique des dirigeants et de la pression exercée par la société civile.
L’enjeu de la définition du mariage
Un autre point de tension réside dans la définition du mariage. L’article 27 du projet stipule que « le mariage est une union entre un homme et une femme ». Cette formulation renforce l’idée d’un cadre marital strictement hétérosexuel, excluant ainsi de facto toute reconnaissance des unions entre personnes du même sexe. Cette exclusion souligne la réticence des législateurs à reconnaître les droits des couples LGBTQ+, amplifiant les préoccupations autour de l’égalité des droits.
L’enjeu de la discrimination
L’absence de protections explicites contre la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle dans le projet de Constitution constitue une lacune significative. Sans dispositions claires garantissant l’égalité de traitement et la non-discrimination, les personnes LGBTQ+ continuent de faire face à des violences, abus et violations de leurs droits fondamentaux. Les défenseurs des droits humains insistent sur l’importance de reconnaître explicitement les droits des minorités sexuelles dans le nouveau texte constitutionnel. Cela pourrait non seulement contribuer à une société plus juste et équitable, mais aussi améliorer l’image du Gabon sur la scène internationale, où la défense des droits humains est de plus en plus scrutée.
Le traitement de l’homosexualité dans le projet de Constitution du Gabon illustre les défis et les réalités auxquels font face les personnes LGBTQ+ dans le pays. Si le projet ne répond pas encore aux attentes de reconnaissance et de protection, il demeure un espace de débat et de réflexion sur l’avenir des droits humains au Gabon. Les discussions autour de ce sujet délicat doivent se poursuivre, avec l’espoir que la prochaine version de la Constitution puisse intégrer des principes d’inclusivité et de respect des droits de toutes les personnes, indépendamment de leur orientation sexuelle. La reconnaissance des droits des personnes LGBTQ+ serait un pas décisif vers une société gabonaise véritablement égalitaire.