Jacob Zuma, ancien président sud-africain et figure emblématique du Congrès national africain (ANC), a été officiellement exclu de son parti le 29 juillet 2024. Cette décision, qui fait suite à une série de controverses et de conflits internes, marque un tournant décisif dans l’histoire politique de l’Afrique du Sud. Son exclusion est le résultat d’une audience disciplinaire au cours de laquelle il a été reconnu coupable d’avoir porté atteinte à l’intégrité de l’ANC en soutenant un nouveau parti politique, uMkhonto we Sizwe (MK).
Contexte de l’exclusion
Jacob Zuma a été un membre influent de l’ANC depuis son entrée dans la section jeunesse du parti en 1959. Il a gravi les échelons pour devenir président de l’ANC en 2007 et président de la République en 2009. Son mandat a été marqué par de nombreuses allégations de corruption, notamment en lien avec les frères Gupta, qui ont été accusés d’avoir exercé une influence indue sur le gouvernement. Après une série de scandales, Zuma a été contraint de démissionner en 2018, mais il a continué à jouer un rôle actif dans la politique sud-africaine.
En janvier 2024, Zuma a été suspendu de l’ANC en raison de son soutien à MK, un nouveau parti qu’il a fondé et qui a réussi à obtenir près de 15 % des voix lors des dernières élections. Cette performance a contribué à faire perdre à l’ANC sa majorité parlementaire pour la première fois depuis 1994. La direction de l’ANC a considéré que le soutien de Zuma à MK était incompatible avec son statut d’ancien président du parti et a décidé de le traduire devant une commission disciplinaire.
Le secrétaire général de l’ANC, Fikile Mbalula, a expliqué lors d’une conférence de presse que la décision d’exclure Zuma était fondée sur le fait qu’il avait activement travaillé à déloger l’ANC du pouvoir tout en prétendant ne pas avoir rompu son adhésion. Mbalula a déclaré que la conduite de Zuma était « inconciliable avec l’esprit de la discipline organisationnelle » et a souligné la nécessité de maintenir l’intégrité du parti.
Zuma a toujours affirmé qu’il était membre du « vrai » ANC, en opposition à l’ANC actuel dirigé par Cyril Ramaphosa. Il a exprimé son intention de faire appel de la décision d’exclusion, affirmant que l’ANC avait perdu de vue ses valeurs fondamentales et s’était éloigné des principes pour lesquels il avait été fondé.
Réactions à l’exclusion
L’exclusion de Zuma a suscité des réactions variées au sein de la politique sud-africaine. Le parti MK a dénoncé cette décision, la qualifiant de « tribunal kangourou » et accusant l’ANC de ne pas respecter les droits de son ancien président. Les partisans de Zuma ont également exprimé leur indignation, considérant cette exclusion comme une trahison et une tentative de museler une voix critique au sein du parti.
D’un autre côté, de nombreux membres de l’ANC et des observateurs politiques ont salué cette décision comme un pas nécessaire vers la rédemption du parti. Ils estiment que l’exclusion de Zuma est essentielle pour restaurer la crédibilité de l’ANC, qui a souffert d’une érosion de sa popularité en raison des scandales de corruption et de mauvaise gestion.
L’avenir de Zuma et de l’ANC
L’avenir politique de Jacob Zuma reste incertain. Bien qu’il ait été exclu de l’ANC, il continue d’avoir une base de soutien significative, notamment parmi les membres de l’ANC qui le considèrent comme un champion des pauvres et un défenseur des droits des Noirs. Son nouveau parti, MK, pourrait jouer un rôle crucial dans les prochaines élections, surtout si l’ANC ne parvient pas à regagner la confiance de ses électeurs.
Pour l’ANC, l’exclusion de Zuma représente à la fois une opportunité et un défi. L’opportunité de se distancier des scandales du passé et de se réinventer en tant que force politique responsable, mais aussi le défi de maintenir l’unité au sein d’un parti qui a été profondément divisé par les luttes de pouvoir internes.
L’exclusion de Jacob Zuma de l’ANC marque une nouvelle ère pour le parti et pour l’Afrique du Sud. Alors que le pays se prépare pour des élections futures, la question demeure : l’ANC peut-il surmonter son passé et restaurer la confiance des Sud-Africains, ou la fracture créée par l’exclusion de Zuma signalera-t-elle la fin d’une époque pour le parti historique au pouvoir ? Les mois à venir seront cruciaux pour déterminer l’orientation politique de l’Afrique du Sud et l’héritage de Zuma dans le paysage politique du pays.
Sources : https://fr.africanews.com/2024/07/29/afrique-du-sud-jacob-zuma-exclure-pour-atteinte-a-lintegrite-de-lanc/ https://x.com/RFI/status/1817998971723243776 https://www.lesechos.fr/monde/afrique-moyen-orient/afrique-du-sud-lancien-president-jacob-zuma-disqualifie-pour-les-legislatives-2095897 https://fr.africanews.com/2024/07/29/afrique-du-sud-zuma-officiellement-exclu-de-lanc/ https://www.rfi.fr/fr/afrique/20240729-afrique-du-sud-jacob-zuma-officiellement-exclu-de-l-anc